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Il est une institution dans l’île. Le rhum agricole fait la fierté des Martiniquais, au point qu’une AOC unique au monde défend, depuis 1996, la filière.
La Martinique, en matière de rhum, c’est un peu le petit village gaulois imaginé par Goscinny : elle résiste toujours et encore à l’envahisseur, enfin au rhum industriel qui monopolise 90 % de la production à travers le monde. Il faut dire que les arguments pour défendre ce produit, élevé au rang de patrimoine, sont (presque) imparables : les méthodes de fermentation, de distillation, de vieillissement ou d’édulcoration sont spécifiques à cette île des Petites Antilles située à cheval sur la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique. Les consommateurs, aux États-Unis et au Japon particulièrement, ne s’y trompent pas en plébiscitant de plus en plus le rhum agricole de Martinique.
Pourquoi maintenant un tel engouement, alors que la canne à sucre, ce roseau sucré introduit dans l’île par Christophe Colomb, sert la production depuis le XVIIe siècle ? La réponse pourrait venir de la rareté du produit : l’appellation d’origine contrôlée (AOC) couvre 23 communes sur le territoire martiniquais.
Elle concerne l’activité de sept distilleries, dont trois demeurent indépendantes. Mais la loi de l’offre et de la demande n’explique pas, à elle seule, ce succès, car, jusqu’au début des années 2000, l’image du rhum restait associée au tord-boyaux des marins ou à quelques recettes de pâtisserie. Le vent a tourné depuis, au point d’élever l’alcool de canne au rang de « must have » de la dégustation : il présente une palette gustative au moins aussi étendue que celle des vins. Celui qui porte aussi le doux nom de « tue-diable » s’appuie sur un terroir, des « cépages » et un savoir-faire ancestral. Tandis que les mains des esclaves, armées par milliers de coutelas, assurèrent jusqu’en 1848 la culture et la récolte de la canne à sucre puis la distillation et la fermentation du jus de canne, les plantations et les sucreries développèrent des techniques et des recettes de fabrication typiques.
Il est donc bien fini le temps où le « rhum z’habitant », distillé et fermenté directement dans la plantation, nourrissait uniquement le quotidien des Martiniquais. Si les rituels de consommation (avec modération) restent toutefois bien ancrés dans la culture et les habitudes créoles, du matin jusqu’au soir, la dégustation prend un tour nouveau grâce aux trois AOC attribuées au rhum agricole : blanc, élevé sous bois et vieux. Alors que les géants de l’industrie tels que Bacardi et Havana Club jouent la carte marketing pour valoriser un alcool fabriqué à partir de mélasse ou de sirop de canne, la Martinique serre les rangs autour d’un produit authentique travaillé à partir de jus de canne frais.
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